Écrans

Ici des textes publiés aussi sur des réseaux sociaux, des sites amis, dans des livres pour iPad— la circulation comme expérience de maturation des textes.

tout ça qui

 

Tout ça qui surgit et qui engloutit, tout ça qui prend au ventre, le bas-ventre avec le haut des cuisses, tout ça qui empoigne l’estomac, tout ça qui compresse la glotte, tout ça qui saisit aux chevilles, et cloue chacun au sommet de ses pommettes saillies. Tous ces coups qui ne portent pas, toutes ces voix qui ne sortent pas. Tout ça qu’Orphée lorsque le retour ne vient pas. Oui. Mais aujourd’hui. > Lire la suite

La sorcière

 

Il était une fois dans les lointains confins, c’était à la croisée des chemins, une vieille qui avait toujours habité là. Son paysage était fait d’ordinaire et d’une maison qui laisse passer le vent.

Un jour qu’elle cueillait un bouquet de matricaires, elle entendit un vacarme si fort, si fort, si fort qu’elle lâcha les fleurs à ses pieds et porta les mains à ses hanches. Un pneu avait passé la glissière et se trouvait, là, désolidarisé du véhicule qui l’avait éjecté. Longtemps après les sirènes, la vieille rassembla son bouquet, et dans un geste ancestral, en déposa sur le pneu l’une des fleurs. Elle entendit aussitôt une voix qui lui souffla : « Je te remercie La Vieille, mais porte-moi maintenant au grand virage ».

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La ville et la vague

 

Ola Paris, Fragilidad, Sophie Spandonis, 2012

Ola Paris, Fragilidad, Sophie Spandonis, 2012

 

Dans le polyptique inachevé Fragilidad (Todos somos japoneses) de Sophie Spandonis on voit de tableaux en tableaux la vague d’Hokusaï menaçant de plus ou moins près Miami, la Tour Eiffel, Rio de Janeiro, Buenos Aires… le travail n’étant pas terminé, on peut imaginer toute ville sur le point d’être engloutie, la Maison Blanche s’y prépare. Vague de face, de profil droit, de profil gauche, avec ses sinuosités en blanc et bleu, son redan et ses projections blanches par devant. Les villes ici représentées le sont par des cartes postales dont les lignes du paysage sont prolongées par le travail du pinceau qui les place, quoi que le lieu soit, dans une marine, vague oblige. On ne s’attendait pas à un resurgissement si fort de la plage sous les pavés parisiens. Mais l’évidence est là : le raz-de-marée menace aussi sur le champ de Mars, à plus ou moins grande distance selon les désirs ou les nécessités du moment. Photos colorisées des temps récents lors desquels on pouvait encore croire à l’idylle de territoires lointains. Témoignages des voyages réalisés en bons baisers et amitiés — pourrait-on lire au dos — envoyées de l’autre bout du monde, des différents ailleurs qui existaient encore.

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