Traductions au passage

Étrangers de la zone, antiques, renaissants ou baroques, arrivés jusqu’ici en haillons, vers libres et déchirés au passage d’une langue l’autre. Traductions. Nomades venus de leur époque pour se faire à la nôtre.

Hor che ‘l ciel e la terra

 

Voilà

le ciel et la terre

et le vent se tait

Voilà le sommeil
qui freine celles qui courent et ceux qui s’envolent

Voilà la nuit
Et le fourgon aux étoiles roule à l’infini
Et l’océan sans ondes s’étend dans son lit

Hor che ‘l ciel e la terra e ‘l vento tace
E le fere e gli augelli il sonno affrena,
Notte il carro stellato in giro mena
e nel suo letto il mar senz’onda giace,
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nasce la fiamma mia

 

 

Nasce la fiamma mia dalla beata luce
Che sopra i giri eterni ard’e riluce

E scesa folgorando
Da la più eccelse rote
Desta a cagioni ignote

La Luna e el Sol e l’altre cose belle
Indi l’acqua e la terra l’aure e stelle

Nait mon désir de la lumière là
qui sur les mondes de toujours brûle et brille

Descente en foudre
des plus incroyables routes
il m’éveille à toutes les inconnues des lois

lune et soleil et autres choses là
d’où l’eau et la terre
les auras
et les étoiles

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O notturno miracolo

 

 

O notturno miracolo soave,
Ne gia sognando il veggio.

*
Al lume della Luna il Sol vagheggio.

*
Luna cortese ond’io
Godo quel ben che mi contend’il giorno.

Mentre lampeggi intorno
All’amata beltà del Idol mio,

Merveille de la nuit
c’est presque un rêve
il est là

Au jour de la lune le soleil
je l’aperçois

Lune choisie où je—
ça le plaisir que le jour m’envie

Brille alentour
de la beauté belle
de mon amour

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Vivamus

Vivamus, mea Lesbia, atque amemus,
rumoresque senum severiorum
omnes unius aestimemus assis.

Soles occidere et redire possunt ;
nobis cum semel occidit brevis lux,
Nox est perpetua una dormienda.

Vivons, ma Lesbie, baisons !
le bourdon farouche des vieilles mouches
Tout ça loin de nous

Les soleils peuvent mourir et revenir
Mais nous –rapide départ– à notre mort
La nuit sans fin seule reste à dormir…

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Baise m’encor rebaise et baise :
Donne m’en un de tes plus savoureux,
Donne m’en un de tes plus amoureux :
Je t’en rendrai quatre plus chauds que braise.

 

Las te plains-tu ? ça que ce mal j’apaise
En t’en donnant dix autres doucereux.
Ainsi mêlant nos baisers tant heureux
Jouissons-nous l’un dans l’autre à notre aise.

 

Lors double vie à chacun suivra
Chacun en soi et son ami vivra.
Permets m’amour penser quelque folie :

 

Toujours suis mal vivant discrètement,
Et ne me puis donner contentement
Si hors de moi ne fais quelque saillie.

 

LOUISE LABÉ


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