partir à 5 am

 

Go on à attraper le soleil 5 am j’enfourche le vélo jamais attaché et vers l’est vers l’est n’importe quelle route Claiborne ou Saint Claude suffit de trouver un pont qui à gauche encore à gauche et tout droit et là le pont pas levé ses poutres d’acier rythment les hangars et moi sweaty déjà sous la chemise où s’engouffre le vent léger qui ne suffit pas à rafraichir ni à balancer les arbres pas verts encore car lumière trop nuit mais le halo s’étend là-bas avant la chaleur sur tout le jour et tout ce monde qui se lève tôt en bagnole ils passent de quarter en quarter dans la pénombre des fenêtres allumées des façades pas roses pas bleues pas jaunes encore quand il y en a des maisons ce qu’il en reste des baraques dans les terrains en friche hérissés de pylônes en bois en métal avec des fils qui strient le ciel qui bleuit au-dessus de la route bifurquant dans une odeur de caramel qui perle sur la peau des noirs arrêtés au feu là et tout cet or sugar que suivent les trucks qui passent tout près dans leur roulement de batterie le long d’une voie ferrée deux voies ferrées trois voies et leurs containeurs qui se découpent en file sur l’horizon où la lueur blanchit sous leurs phares zébrant trop vite pour la voir saisie l’aube par les doigts dressés des cheminées pour la voir enjambée par les tuyaux et les ponts où passe l’or liquide avec ses liquidités coulant le globe avec un jour encore son matin et toutes ces bagnoles qui passent trop près du bas-côté barré par une palissade haute et lisse halte faire une halte se poser regarder où je suis sinon dans les odeurs raffinées qui s’impriment aux narines avec sous le pied une herbe grasse objectif grand angle pause longue et large respiration regard posé sur l’enchevêtrement fumant sur fond bleu avec du rose trainé presque rose peut-être orangé dans le grand souffle du soleil du matin PHOTO de toute cette machinerie ce regard machiné enchevêtré vu depuis les machines je vois une Rover arrêtée rouge un visage de pare-brise enchevêtré dans ses cheveux mal coiffés je me vois vu par une qui se lève neighbour pour voir pas le soleil non pas le soleil pour voir what pour watch moi pas le soleil qui se lève se dégageant vite des doigts onyx qui l’accrochent les doigts des cheminées avec leur fumée avec leur flamme qui témoignent qu’elle m’a vu elle m’a vu chiffrer la lumière de la machinerie de l’or noir qui coule Styx dans les veines du territoire.

 

 

Texte prenant place dans le Tiers livre de François Bon, à l’occasion de l’atelier d’été, 3 | aller perdu dans la ville.

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