mot de la zone : Buenos Aires

La ville et la vague

 

Ola Paris, Fragilidad, Sophie Spandonis, 2012

Ola Paris, Fragilidad, Sophie Spandonis, 2012

 

Dans le polyptique inachevé Fragilidad (Todos somos japoneses) de Sophie Spandonis on voit de tableaux en tableaux la vague d’Hokusaï menaçant de plus ou moins près Miami, la Tour Eiffel, Rio de Janeiro, Buenos Aires… le travail n’étant pas terminé, on peut imaginer toute ville sur le point d’être engloutie, la Maison Blanche s’y prépare. Vague de face, de profil droit, de profil gauche, avec ses sinuosités en blanc et bleu, son redan et ses projections blanches par devant. Les villes ici représentées le sont par des cartes postales dont les lignes du paysage sont prolongées par le travail du pinceau qui les place, quoi que le lieu soit, dans une marine, vague oblige. On ne s’attendait pas à un resurgissement si fort de la plage sous les pavés parisiens. Mais l’évidence est là : le raz-de-marée menace aussi sur le champ de Mars, à plus ou moins grande distance selon les désirs ou les nécessités du moment. Photos colorisées des temps récents lors desquels on pouvait encore croire à l’idylle de territoires lointains. Témoignages des voyages réalisés en bons baisers et amitiés — pourrait-on lire au dos — envoyées de l’autre bout du monde, des différents ailleurs qui existaient encore.

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Effets de Pierre Ménard à Buenos Aires (témoignage)

 

Je sais qu’il est très facile de récuser ma pauvre autorité. J’espère pourtant qu’on ne m’interdira pas de citer deux hauts témoignages. La baronne de Bacourt (au cours des vendredis inoubliables de qui j’eus l’honneur de connaitre le regretté poète) a bien voulu approuver les lignes qui suivent. La comtesse de Bagnoregio, un des esprits les plus fins de la principauté de Monaco (et maintenant de Pittsburg, de Pennsylvanie, depuis son récent mariage avec le philanthrope international Simon Krautzch) si calomnié, hélas, par les victimes de ses manœuvres désintéressées, a sacrifié « à la véracité et à la mort » (ce sont ses propres termes) la réserve princière qui la caractérise, et, dans une lettre ouverte publiée par la revue Luxe, m’accorde également son approbation. Ces titres de noblesses, je pense, ne sont pas insuffisants.

J’ajoute à cela pourtant que depuis bien avant ma naissance et au plus proche d’elle aussi, et par quelque orbe qu’on la considère, on y trouvera les raisons qui font qu’aujourd’hui je mène l’enquête qui me préoccupe sous l’égide de la Croix du Sud (la constellation que l’on peut observer à l’orée du firmament depuis Buenos Aires, et encore, seulement à partir de 3h de la nuit, et non la revue littéraire qui fit connaitre l’inventeur de Pierre Ménard à la sphère parisienne au début du siècle précédent, encore que l’une n’empêche pas l’autre). L’allusion à mainte chèvre trouvera peut-être ici sa résolution, souhaitons que cette affaire s’achève en miel et lait d’Amalthée, comme elle a dû certainement commencer, ou en dulce de leche pour le moins.
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