The masks of the Fairy Queen

© Jean-Yves Bonzon pour The Fairy Queen, À bout de souffle 2014

© Jean-Yves Bonzon pour The Fairy Queen, À bout de souffle 2014

 

DIVERTISSEMENT 1 : MASQUE DU POÈTE IVRE
Voilà c’est le début, vous êtes bien installé. Vous regardez les couples autour de vous.
Ils se mettent à chanter.
Les voilà qui veulent quitter la ville, et vous emmener avec eux…
Là, tout de suite, il y a un gars, ivre, complètement ivre… — il se dit poète — qui se fait chahuter par des gens qui ressemblent à de purs esprits. Ils le pincent.

DIVERTISSEMENT 2 : MASQUE DU RÊVE
Plus loin, vous entendez une symphonie d’oiseaux.
Puis un esprit sans nom célèbre la liberté des chanteurs du ciel.
Vous percevez l’écho, qui se prolonge par des chants… des esprits ? des fées ?
Suit une symphonie, et ça danse autour de vous.
C’est la nuit (on passe en mode mineur), ou plutôt, la Nuit arrive. Puis le Mystère. Et le Secret.
À la fin, le Sommeil vous enveloppe et chacun s’endort.
Sauf peut-être des danseurs de rêve qui pourraient tournoyer dans la clairière de votre esprit endormi.

DIVERTISSEMENT 3 : MASQUE DE L’AMOUR
Vous arrivez un tout petit peu trop tard… les excès, la passion, les émois, c’était juste avant.
Là c’est déjà langoureux.
Une symphonie légère et vaporeuse comme une image de cygnes dans les irisations de l’eau se poursuit en une gavotte féérique.
Vous pourriez, vous aussi, vous laisser porter, mais les Hommes en Vert débarquent. Oui, c’est comme ça. On n’a pas pu faire autrement, c’était dans le contrat.
On essaie de rappeler les esprits de l’air, mais c’est Coridon et Mopsa qui surgissent et font leur numéro habituel : le coup du travesti.
Vous tombez sur une nymphe à l’air charmant, britannique en diable.
Et puis c’est la danse bien virile des faneurs, suivie de leur chant aux accents bucoliques et épicuriens.
De quoi adorer la campagne.

ENTRACTE

DIVERTISSEMENT 4 : MASQUE D’ANNIVERSAIRE (… OU DE L’ÉTERNEL RETOUR)
Vous ne savez plus si vous dormez ou pas, mais en tout cas le soleil se lève en une brillante symphonie.
Pour le saluer, une nymphe-assistante (c’est son titre, oui : an attendant-nymph, repeat after me) interprète un air pétillant, avec ornements en rythmes pointés et basse obstinée mouvante sur laquelle vient se greffer un chœur plein d’allégresse.
C’est l’anniversaire du Roi Obéron.
Deux maîtres de cérémonie enjoignent fifres, clairons et trompettes à sonner l’entrée du Soleil en personne. Il chante.
Suit un hymne de triomphe grandiose et majestueux.
Vous ne vous attendiez pas à ce que les saisons viennent lui rendre hommage.
Pourtant elles se succèdent, là, devant vous :
le Printemps, un soprano,
l’Été, un contre-ténor,
l’Automne, un ténor,
l’Hiver, une basse. Par sa faute, tout se fige comme gelé dans le temps maintenant immobile.
Mais tous reprennent leur air triomphal : sauvés par le majeur !

 

DIVERTISSEMENT 5 : MASQUE DE LA GRANDE UNION
Vous êtes convié à une noce sans bien savoir qui se marie aujourd’hui. Qu’importe, tout le monde est fort content de se trouver là.
Junon, déesse de l’union sacrée, se charge de l’épithalame, gracieux et joyeux, ornementé à souhait, prévenant contre les tourments de la jalousie et célébrant la fidélité. Un triomphe !
C’est alors qu’une pauvre gueuse passe par là et pousse son lamento : un chagrin d’amour avec basse obstinée à vous faire couler toutes les larmes de votre corps. Sanglots longs d’un hautbois de l’automne. La complainte n’en finit plus… mais enfin, c’est touchant.
La fête reprend avec danses et symphonie.
Il y a là un Chinois et une Chinoise. Mais pas d’aujourd’hui, non, ni d’hier d’ailleurs. Il serait un peu comme Adam et Ève… En fait ce serait le retour à l’état de nature, le paradis retrouvé, l’utopie réalisée… un rêve de société où tout le monde serait tellement heureux, où chacun serait tellement aimé de tous, et où personne ne serait obligé de travailler, et où on serait bien, tous ensemble… avec les étrangers, avec les animaux avec les arbres et les fleurs…
Quand on chanterait ça ferait comme des trompettes, et on danserait avec des singes. Oui, des singes, qu’on a recueillis à la sortie d’un zoo… une histoire un peu longue, mais ils seront là !
Et puis on appellerait Hymen… ça devrait être possible. On l’appellerait et il marierait tout le monde… et ce serait tellement beau comme bouquet final…

 

 

Texte passé par la plaquette de présentation de The Fairy Queen, À bout de souffle 2014, avec visuel de Jean-Yves Bonzon.

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