Banlieue braconnière

 

Il y a une grande cour derrière le bâtiment. Un jardin potager enclos par des poutres— soucis et marguerites devant la haute palissade de béton. Derrière, un hôpital et la cité envoient leurs sirènes récurrentes aux banlieues sans pavillon.

Dans la cour, des enfants— jour d’anniversaire sûrement. Un jeu collectif les oppose en deux camps— ils sont dix ils sont quinze et quelques parents, les pieds dans la poussière d’une terre ouvrière. Au vent du printemps une effluve de boulon une odeur de vidange traversent l’interdit de la ferraille en tas.

Dans la bouche des enfants, un chant en deux camps : Où sont les cerfs ? Dans la forêt ! Qu’est-ce qu’ils y font ? Ils y travaillent ! Faut-il les tuer ? Clameur opposée qu’aucune brique noire n’emmure : c’est la battue. Foncer/traverser/attraper/bifurquer/plaquer/compter/recommencer.

Dans la tête d’une enfant, le cerf et son bois se déploient. Grands bois de Russie avec isba cerfs braconniers et Babayaga. Les cerfs en traineaux en chasse neige dans la forêt. Tas de bois tas de fer dans la forêt d’enfer. Compter jusqu’à 100, d’accord, mais pourquoi le C sonne comme le S ? Rouge intérieur des serfs braconnés.

Les serfs, faut-il les tuer ?

 

 

Texte déjà passé par le site Urbain, trop urbain, dans la chronique Relations urbaines.

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