MAINTENANT QUE LE CIEL…

© Jean-Yves Bonzon pour Maintenant que le ciel… À bout de souffle, 2015.

© Jean-Yves Bonzon pour Maintenant que le ciel… À bout de souffle, 2015.

Maintenant que le ciel…
Hor ch’el ciel… ainsi commence l’un des plus célèbres madrigaux de Claudio Monteverdi composé sur un poème de Pétrarque, pièce à 6 voix qui éclate les voix dans l’espace. Éclat de poésie où le coeur se brise de douleur et de joie.

 

 

 

 

 

 

 

Madrigal et matière émotive
Impressionné par la musique de Claudio Monteverdi, qui fait de la voix une matière émotive, l’ensemble vocal et instrumental « À bout de souffle » prend à bras le corps ce répertoire du passage de la Renaissance au Baroque. Choristes, solistes et instruments d’époque donneront à voir et à entendre ce moment où, avec Claudio Monteverdi, Giovanni Gabrieli, Luca Marenzio, Giovanni-Giacomo Gastoldi… le texte devient maître de la musique et le chant se met au service de l’émotion portée dans les poèmes. Sur scène, ceux de Ronsard, Du Bellay et Louise Labé s’inviteront pour faire entendre cette poésie guerrière et amoureuse inspirée de celle de Pétrarque.

Choeurs brisés, cori spezzatti
À l’heure de l’Humanisme, chacun prend parole. Les poèmes deviennent lyriques : le doux, l’amer, le chaud, le froid, la paix, la guerre s’y impriment. Les madrigalistes s’en emparent et définissent une nouvelle pratique, faite de dissonances, de mouvements et d’expression exacerbée. Les solistes émergent. Voix seules ou avec instruments, pièces à un, deux, trois et jusqu’à sept choeurs qui, par la technique des Cori spezzati —littéralement « choeurs brisés »— concertent, se font écho, se séparent et se rejoignent… Tous les éléments de l’ « Opera » sont là, prêts à former ce nouvel « oeuvre », tel qu’il nait en Italie en 1600. Avec des morceaux connus (Ecco mormorar l’onde, Lamento della ninfa…), ou inédits au XXIème siècle (ceux de Gastoldi), « À bout de souffle » propose un spectacle où la mise en mouvement des chanteurs répondra au passage d’un style musical à l’autre, d’un monde à l’autre.

Et pourtant, elle tourne…
Monde que le début du XVIIème siècle vient de voir se mettre à tourner. Avec Giordano Bruno, Copernic et Galilée, l’univers est devenu fragmenté, irrégulier, infini. Le traitement de la lumière en clair-obscur et couleurs chatoyantes esquissera un monde à l’avenir incertain. Des extraits de La vie de Galilée de Bertolt Brecht rappelleront aux spectateurs que les controverses de l’époque ressemblent parfois à celles d’aujourd’hui, à propos de notre planète, violente et fragile. Vigoureuse ou sensible ? Les deux répondait Monteverdi… et si nous l’écoutions ?

 

Texte passé par le programme de Monteverdi : Maintenant que le ciel… À bout de souffle, Saint-Pierre-des-Cuisines, Toulouse, 2015, accompagné des traductions des textes chantés.

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